VOD et DRM : vol légalisé

samedi 15 septembre 2007

Non aux DRM, non à la Video-On-Demand à base de DRM ! Non ! Dites-le. Criez-le !
Les DRM existent depuis quelques années déjà. Leur licéité et leur opportunité ont fait l'objet de longs et tumultueux débats lors de l'élaboration de la loi DADVSI. J'ai dénoncé cette loi (*), comme bien d'autres personnes, sans pour autant condamner en bloc tous les DRM. J'avoue, il m'étaient indifférents. J'ai acheté de nombreux morceaux de musique grevés de DRM sur l'iTMS (iTunes Music Store, désormais iTunes Store), en toute connaissance de cause, sans y voir de véritable inconvénient. Je pouvais lire ces morceaux sur 5 ordinateurs, Mac ou PC Windows mais pas Linux, et sur un nombre illimité d'iPod. Les limitations apportées aux morceaux de musique de l'iTMS par les DRM Apple (Fairplay) n'en empêchaient pas la jouissance paisible.
La situation est bien différente avec les fichiers vidéo Windows Media distribués par les vendeurs de VOD (Video-On-Demand) tels que TF1vision ou Vodeo. Là il s'agit tout simplement de vol. Une immense arnaque, de la malhonnêteté pure.

Non aux DRM, non à la Video-On-Demand à base de DRM ! Non ! Dites-le. Criez-le !
Les DRM existent depuis quelques années déjà. Leur licéité et leur opportunité ont fait l’objet de longs et tumultueux débats lors de l’élaboration de la loi DADVSI. J’ai dénoncé cette loi (*), comme bien d’autres personnes, sans pour autant condamner en bloc tous les DRM. J’avoue, il m’étaient indifférents. J’ai acheté de nombreux morceaux de musique grevés de DRM sur l’iTMS (iTunes Music Store, désormais iTunes Store), en toute connaissance de cause, sans y voir de véritable inconvénient. Je pouvais lire ces morceaux sur 5 ordinateurs, Mac ou PC Windows mais pas Linux, et sur un nombre illimité d’iPod. Les limitations apportées aux morceaux de musique de l’iTMS par les DRM Apple (Fairplay) n’en empêchaient pas la jouissance paisible.
La situation est bien différente avec les fichiers vidéo Windows Media distribués par les vendeurs de VOD (Video-On-Demand) tels que TF1vision ou Vodeo. Là il s’agit tout simplement de vol. Une immense arnaque, de la malhonnêteté pure.

() [IntLex.org : Les dangers de la loi DADVSI (version mise à jour)]
(
) [Valhalla : Introduction au projet de loi DADVSI (version originale)]

Le Nouvel Obs’ de cette semaine (jeudi 13 septembre 2007) consacre une page entière à la VOD. L’article est intitulé Le tout-légal ! Désolé de contredire : c’est plutôt le tout-illégal, à moins que voler ses clients soit légal.

Je me suis rendu sur un des sites indiqués, Vodeo, pour acheter une émission au téléchargement, au prix de 2 euro. J’ai récupéré sur le bureau de mon ordinateur le fichier LBA-MAR-01004-DWL1500.wmv (591,1 Mo, type: wmv). J’ai essayé de lire ce fichier sur mon Mac, sans trop d’espoir. Et bien mon désespoir a été confirmé, puisqu’il est impossible d’ouvrir ce fichier : ni VLC (le lecteur vidéo tout-terrain), ni Flip4Mac (le plugin QuickTime pour lire les fichiers Windows Media), ni le lecteur Windows Media de Microsoft n’ont pu l’ouvrir.

Quoi que, si, VLC a pu ouvrir le fichier. Voici ce que cela donne :

Fichier WMV grevé d'un DRM

Je n’ai pas essayé de lire le fichier sous Linux. Je me suis résigné à le copier sur un clé USB et à le transférer sur un PC tournant sous Windows XP SP2. J’ai lancé le fichier sous Windows. D’abord, cela n’a rien donné : le lecteur Windows Media a demandé à être mis à jour -ou je ne sais quoi d’autre-. Une fois cela fait, j’ai tenté de lancer une seconde fois le fichier. Le Lecteur Windows media a de nouveau refusé de le lire, m’expliquant que, je cite, «Erreur %$^$M$=1!» (ou quelque chose de similaire, j’avoue avoir un peu de mal à mémoriser de tels hiéroglyphes). Dans le panneau des listes de lectures du logiciel, le nom de nom fichier est passé du vert habituel à la couleur orange, avec un petit point d’exclamation à sa gauche. Ca, pour une fois, c’est très clair : il y a un problème. Je n’ai pas le droit de lire un fichier que je viens d’acheter, paraît-il.

Résultat, je me retrouve avec un fichier totalement inutilisable, que j’ai pourtant acheté. Je me suis fait voler.

Alors, forcément, allez-vous me dire, si j’avais un PC flambant neuf avec Windows Vista et la dernière version de Windows Media Player, avec une connexion Internet permanente, peut-être que j’aurais finalement pu lire le fichier. Mais ce n’est pas le cas. Mon PC est vieux, avec une licence Windows XP OEM, et je ne compte ni acheter de nouveau PC ni installer Windows Vista ou la version n° je-ne-sais-combien de Windows Media Player. Ce n’est pas à moi de m’adapter au système logiciel imposé par les fournisseurs de contenu en ligne, c’est au contraire à eux à faire en sorte que ce qu’ils vendent soit doté d’un minimum d’interopérabilité. Je ne demande pourtant pas la lune, je demande simplement de pouvoir lire sous Windows le fichier que j’ai acheté avec un autre logiciel que Windows Media Player, sur mon Mac avec un logiciel ou un autre, et sous Linux également si je décide d’installer ce système d’exploitation.

Mais ce n’est pas possible. Pour pouvoir utiliser paisiblement ce que l’on vient d’acheter, il faut remplir certains prérequis obscurs et arbitrairement imposés par le fournisseur. C’est vraiment un scandale.

D’une part, le fichier vendu est définitivement défectueux puisqu’il ne peut pas être lu. Le défaut est connu du vendeur, dès le départ, et rien -absolument rien, bien au contraire- n’est fait pour y remédier. Cela s’appelle de l’escroquerie. Et encore, elle est institutionnalisée.

D’autre part, il y a clairement abus de position dominante de la part de Microsoft. Les fournisseurs choisissent d’utiliser les DRM de Microsoft, soit. Mais c’est à Microsoft de s’assurer que ces DRM puissent être exploités sur d’autres plateformes, comme Mac ou Linux. Microsoft oblige les gens qui désirent lire des fichiers pourvus de DRM à utiliser son propre lecteur (Windows Media Player) et son propre système d’exploitation (Windows XP/Vista). C’est un abus de position dominante caractérisé. Je souhaite bon courage à la Commission Européenne et je lui dis que je serais vraiment ravi si elle pouvait imposer à Microsoft de rendre son système de protection utilisable sur d’autres systèmes que Windows.

Enfin, il faut bien comprendre comment ces entreprises (celles qui vendent la VOD, celles qui leur fournissent le contenu à vendre) considèrent les consommateurs. J’ai acheté une émission, mais je ne peux pas la voir parce que le fichier contient un dispositif anti-piratage. Si j’achète un fichier, c’est pour l’obtenir de manière légale, et pour justement ne pas le pirater ! Mais non. Je suis présumé pirate, alors même que j’achète légalement un fichier. La seule fonction des DRM est de faire en sorte que le piratage présumé ne se concrétise pas. C’est acceptable tant qu’ils n’empêchent pas d’utiliser librement un fichier légalement acquis. Imaginez un peu que vous alliez acheter votre pain : vous demandez une baguette, on vous la donne, vous donnez la monnaie au boulanger qui l’encaisse et se met aussitôt à crier «Au voleur !». Je pense que vous vous sentiriez très légèrement vexé de vous faire traiter de voleur, alors que vous venez juste de payer le prix. Et bien, en achetant des fichiers protégés par des DRM, vous acceptez de vous faire traiter de pirate, de voleur. Sachez-le.

En attendant, ce ne sont pas les consommateurs qui sont les voleurs, mais bel et bien les fournisseurs de contenu qui vendent des fichiers défectueux en toute connaissance de cause. Je me suis fait voler une fois, je ne me ferai pas voler une seconde fois. Payer pour du contenu multimédia ? Oui. Sans problème. Mais payer pour un fichier illisible, autrement dit pour rien, se faire voler, non !