Apple, tu me saoules avec tes histoires de mot de passe

jeudi 22 février 2018 • GF

Ce mot de passe iCloud... non mais vraiment ! Je n'en peux plus. Il me saoule. Il me saoule tellement ce mot de passe, que j'ai envie de le taper... ou plutôt non, de ne plus jamais avoir à le taper !

Ce soir, je glandouillais tranquillement sur mon canapé, Top Chefs en fond sonore et mon iPad en main, naviguant sur quelques sites d’actualités, quand soudain, stupeur, le son de la télévision se coupa et l’image se figea, l’Apple Watch à mon poignet se mit à vibrer furieusement, un message intempestif vint perturber ma lecture sur l’écran de l’iPad : «Pour des raisons de sécurité, vous devez vous reconnecter à votre compte iCloud».

Ma première réaction, bien humaine, fut d’actionner la télécommande de l’Apple TV afin de sélectionner l’option «Plus Tard» s’afficheant à l’écran ; puis d’appuyer sur le bouton «Plus tard» s’affichant sur l’écran de l’iPad. L’Apple TV ne broncha pas, mais l’iPad affichage de nouveau le même message. «Plus tard, je t’ai dit !». J’appuyai à nouveau. Et une troisième fois, le même message. Troisième clic du doigt. Enfin débarrassé du message. «Mais qu’est-ce qu’ils viennent encore m’enquiquiner, ces abrutis ?»

Fin de soirée, l’iPhone X rejoignit son socle de rechargement par induction. Cruel rappel à la réalité, une notification, à l’écran : «Pour des raisons de sécurité, vous devez vous reconnecter à votre compte iCloud». Allez, on swipe afin de valider le message, de régler le problème et de ne plus y penser.

Ce fut donc parti pour la procédure habituelle : il fallut se reconnecter, donc taper à nouveau son mot de passe. Un mot de passe absolument pénible à taper, car Apple impose désormais de combiner lettres minuscules, lettres majuscules et chiffres. Admettons, cela prit quelques secondes.

Une fois le mot de passe tapé, il me fallut le taper à nouveau. Ne cherchez pas la logique, il n’y en a pas. Donc, deuxième galère à base de gros doigts sur petit clavier. C’est bon, c’est validé. Ou pas.

Apple voulut ensuite que je vérifiasse mon compte avec mon numéro de téléphone. Soit. Valider. Un SMS fut reçu, avec un code à retranscrire sur l’iPhone. Celui-ci renseigna automatiquement les champs des numéros, intelligent qu’il est. C’est beau, la technologie.

Puis, il demanda à nouveau le mot de passe. Ce n’était que la troisième fois en deux minutes. Je le tapai à nouveau.

Et là, horreur, enfer et damnation, moult vitupérations : ce con me demanda de changer mon mot de passe ! Oui ! De le c.h.a.n.g.e.r ! Mais pourquoiiiii ? Il est bien mon mot de passe. Fais pas chier !

Je tapai mon ancien mot de passe, avec le vain espoir de l’enfumer, fourbe que je suis. Fatalement, il refusa : Vous ne pouvez pas réutiliser un mot de passe utilisé dans l’année. Ah ouais. Et pourquoi pas ? Quel connard a décidé ça, à Cupertino ? Quel débile a décidé que la date de péremption du mot de passe, c’était J+365 ?

Il me fallut donc faire un effort mental intense pour imaginer un nouveau mot de passe original, inédit, unbreakable. Le nouveau mot de passe que j’imaginai alors : l’ancien, tout pareil, avec le jour et le mois de ma naissance remplacés par l’année. Toujours quatre chiffres, mais des chiffres différents. Je suis un mec très original quand je veux.

Evidemment, le nouveau mot de passe n’est absolument pas plus sûr que l’ancien. Et puis rien, mais rien de rien, n’imposait de modifier mon mot de passe, qui n’était pas compromis.

C’est juste pour faire chier le monde.

D’ailleurs, cela se vérifie quotidiennement : en dépit de mon mot de passe de dingue, à base de minuscules, de majuscules, de chiffres, de symboles, et d’une longueur minimale afin de faire tourner en bourrique les serveurs de la NSA, Apple continue de me demander de valider la connexion à ses divers services en ligne à l’aide d’une méthode d’identification à deux facteurs.

Il faut donc avoir son iPhone à côté de soi, qui reçoit un code d’identification unique, à recopier sur la page Web ou l’interface de connexion. Le mot de passe super-compliqué n’est pas suffisant.

Alors, si le mot de passe n’est jamais suffisant, aussi compliqué soit-il, pourquoi imposer d’en changer !?

Et puis, pour les logiciels tiers, ni le mot de passe super-compliqué, ni l’identification à deux facteurs, ne suffisent. Non, il faut créer une mot de passe spécifique à l’application, qui ne sera pas utilisé ailleurs.

Comprendre : si je veux ajouter mon compte de courrier électronique iCloud sur un PC Windows avec Outlook, je dois créer un mot de passe pour une application ; soit un mot de passe unique, généré aléatoirement par Apple. Je dois donc me rendre sur la page de gestion de mon compte iCloud, me connecter en tapant mon mot de passe normal (c’est déjà un effort en soi), puis allumer mon iPhone, récupérer les chiffres envoyés par Apple et le recopier sur mon PC, afin d’avoir accès à la page me permettant de créer ce fameux mot de passe pour une application.

Et tout cela me fait prodigieusement chier.

C’est compliqué, contre-intuitif, pénible, incompréhensible, et totalement foireux.

J’ose à peine imaginer la réaction des gens «normaux», Madame Michu et ses potes, quand moi, geek et nerd à la fois, vomis ces complications.

Apple a totalement foiré son coup. Les gars de Cupertino sont paranoïaques. Personne ne fait autant chier l’utilisateur qu’eux, s’agissant des mots de passe. Ni Google, ni Amazon, ni Microsoft, ni Facebook, ni personne !

Nous voulons des systèmes simples. Jobs l’avais compris. La direction actuelle a visiblement oublié cet objectif.

Nous voulons des réactions sérieuses de la part des opérateurs. Que l’on nous demande de modifier notre mot de passe s’il y a le moindre soupçon qu’il soit compromis, d’accord. Mais que l’on nous impose de le changer périodiquement, sans possibilité d’y couper et d’assumer notre choix, non, ce n’est pas tolérable. Que l’on nous saoule avec cette putain d’identification à deux facteurs à chaque connexion, alors que le disque dur / SSD est totalement chiffré, cookies y compris, non, ce n’est pas tolérable. Que l’on nous impose de générer des mots de passe différents pour chaque application, soit, mais que la fonction soit aussi obscure, aussi peu visible et aussi peu pratique, non, ce n’est pas tolérable.

Tout cela me donne simplement envie de virer iCloud et de m’en tenir à Google + Exchange + Dropbox, qui me m’ont jamais –jamais!– enquiquiné avec tout cela.

Je vous laisse, il faut que j’aille reconnecter tous les appareils, avec le nouveau mot de passe…