De la fumée à la vapeur

lundi 18 juillet 2016 • GF

Mes 15 années à fumer se sont achevées à plus d'un paquet de blondes par jour, près de 100 euro par semaine. Aujourd'hui, je me fume plus, je vape. Je ne pensais pas que cela fut possible, et pourtant... du jour au lendemain, j'ai cessé d'éprouver le besoin de sortir une sucette à cancer de son paquet.

J’ai commencé à fumer à 18 ans, au lycée. C’était une petite clope le soir, presque forcée, qui faisait beaucoup tousser. J’ai passé les deux années suivantes en Espagne, où l’on pouvait acheter un paquet de clopes à la fac, dans un distributeur à l’image des distributeurs de boissons : on met une pièce dans la fente, on appuie sur le bouton et le paquet tombe. A l’époque, 2 euro 30 par jour, un paquet de Fortuna par jour. De retour quelques années plus tard en France, j’ai le déplaisir de découvrir les paquets à 5 euro. Je suis alors passé des Fortuna aux Camel pour finir sur les Marlboro. Mais il faut bien le reconnaître, elles sont toutes aussi dégueulasses les unes que les autres. Alors je varie : j’essaie la pipe, qui ne me convient pas trop et les roulées (Amsterdamer). Je pensais que cela permettrait de réduire ma consommation, ou à tout le moins de limiter les dépenses, mais rien n’y fait. C’est alors que se lance une nouvelle mode : les convertibles, avec une petite bille dans le filtre qui donne un goût mentholé lorsqu’on l’explose. Quel piège ! Les convertibles sont tellement plus addictives que les clopes normales. J’atteins, pendant une courte période, le seuil de deux paquets par jour. Je tousse beaucoup, les glaires remontent pendant la nuit, mon compte en banque souffre. C’est alors que je teste la cigarette électronique, sans grande convition ; et par le plus grand des hasards, cela fonctionne : mon dernier paquet de convertibles est ouvert depuis deux semaines, je n’y touche plus.

J’avais essayé, il y a quelques années, les première cigarettes électroniques, les fameuses eGo. Je n’avais pas été convaincu : tirage et quantité de fumée trop faibles, goûts basiques (menthol, vanille, tabac…) peu prononcés et assez désagréables, rechargement pénible (par câble USB), etc. Cela ne pouvait en aucun cas remplacer la véritable cigarette.

Et puis, au printemps de cette année, j’ai décidé de plonger dans la vague du sub ohm. J’ai alors acheté un kit KangerTech qui m’a plutôt séduit. Dans le même temps, j’ai commandé plusieurs liquide Halo, beaucoup plus intéressants que les arômes basiques produits quelques années plus tôt.

Le mécanisme de la clope électronique me fascinait. J’ai dépendé beaucoup d’argent en mods, atomiseurs et liquides, jusqu’à trouver ce qui me convenait. Après le Subtank de Kanger, j’ai testé plusieurs atomiseurs sub ohm tels que l’Apex d’Innokin, le TFV4 de Smoktech ou le Melo 2 avec les résistances CCell en céramique. J’étais plutôt satisfait par ce dernier, que j’utilisais avec une box Reuleaux RX200.

Pas assez d’airflow !, me disait un ami. Il me conseilla d’essayer les drippers, ces montages sans réservoir dans lesquels l’on verse directement le liquide sur les résistances (les coils). Il faut reconnaître qu’avec un liquide fort en glycérine végétale, tel que le Low Rider de The Fuu, la quantité de fumée est impressionnante et le goût très prononcé.

Je n’étais pourtant pas très satisfait : un dripper à la maison, un atomiseur avec résistances toutes faites pour sortir. J’ai testé de nombreuses box : Reuleux RX200 et RX200S, Cuboid, VaporFlask, eVict, X-Cube II et X-Cube II mini, etc. J’ai fini par me fixer, pendant une petite période, sur le mod allemand Pipeline Pro 2 avec un atomiseur Cubis doté d’une résistance 0.5 Omh. J’étais heureux avec ce montage. Je vapais (vapotais ?) du liquide Red Astaire. Etrange liquide, que j’avais détesté lors du premier essai (trop agressif !), mais qui est finalement devenu mon préféré.

J’ai sauté une nouvelle étape récemment en achetant un reconstructible, le Kayfun 5. Avec ce type d’atomiseurs, l’on construit soi-même la résistance. Le rendu des arômes est exceptionnel : rien à avoir avec les résistances toutes faites ! C’est la qualité d’un dripper, avec un réservoir pour ne pas avoir à recharger le liquide toute la journée. J’écris ce billet à la terrasse d’un café à Montpellier, à côté de moi une bière et ma Provari Procyon avec le Kayfun 5 rempli de Red Astaire, monté avec une résistance en kanthal (pas le fromage !) de 0.8 Omh. C’est 18 Watts de bonheur.

Je fabrique désormais moi-même mes liquides. Il suffit d’acheter un concentré de liquide, en l’occurrence Red Astaire, et deux bases : de la glycérine végétale et du propylène glycol. On mélange les trois produits, l’on ajoute la dose de nicotine nécessaire pour obtenir le dosage désiré (entre 6 et 8 mg/l pour moi) et on laisse reposer quelques jours. Cela revient à 1 ou 2 euro par jour… loin, très loin, de mes deux paquets à 14 euro par jour !

Jusque-là, le récit de mon expérience est assez classique. Je n’apporte pas grand chose d’intéressant à un lecteur drogué par la cigarette (et moins encore à un vapoteur confirmé), je l’admets. Je voudrais donc conclure ce billet sur une note utile : comment j’ai arrêté la clope.

En y réfléchissant, j’ai déterminé qu’il avait fallu la conjonction de plusieurs éléments pour me permettre d’arrêter de fumer. C’était nécessaire car je fumais beaucoup et que j’étais vraiment drogué.

D’abord, il faut un matériel de qualité. Les kits pour débutant sont à exclure. Cela ne marche pas, pas la peine d’insister : on vape et on fume en même temps, c’est contre-productif. Il faut du bon matériel. Provari et Kayfun, c’est du luxe, mais c’est l’équivalent d’un mois de cigarettes, quatre ou cinq cartouches, en termes financiers. Ce n’est donc pas la mer à boire !

Ensuite, il ne faut pas avoir peur d’utiliser des liquides à fort taux de nicotine. Ce fut une grande erreur de ma part que de débuter avec des liquides à 3 mg/l. Cela ne suffit pas, si bien que l’on a encore envie d’en griller une après avoir vapé (vapoté ?). Je vape aujourd’hui du liquide entre 6 et 8 mg/l et cela remplace totalement la cigarette, même la première du matin, même après un café, même avec une bière…

Enfin, il faut que l’utilisation de la cigarette électronique devienne aussi machinale que le fait de sortir une clope de son paquet et de l’allumer. Il n’y a pas de recette magique, à chacun sa façon de faire. Pour ma part, enseignant, j’avais une montagne de copies à corriger : clope sur clope pendant la correction, puis vape sur vape. La transition s’est faite tout en douceur. Pendant une période de quelques semaines, je fumais les clopes habituelles, celle du matin, celle d’après-manger, etc., et remplaçais toutes les clopes superflues du milieu de journée par la vape. La transition s’est achevée sans que je m’en rende compte : un jour, j’ai regardé mon paquet et je me suis dit : tu n’en as pas allumé une seule aujourd’hui