Bibliographie sur ordinateur: ça s’améliore

dimanche 11 mars 2007

Le précédent article sur la construction d’une bibliographie sur ordinateur n’était pas très optimiste. Loin de là. Sur Mac, le couple Microsoft Word / Endnote ne séduit pas. Mais il existe des alternatives. Par exemple, Mellel et Bookends. Construire une bibliographie et rédiger un long document avec ces deux logiciels ressemble déjà beaucoup moins à un calvaire.

Le précédent article sur la construction d’une bibliographie sur ordinateur n’était pas très optimiste. Loin de là. Sur Mac, le couple Microsoft Word / Endnote ne séduit pas. Mais il existe des alternatives. Par exemple, Mellel et Bookends. Construire une bibliographie et rédiger un long document avec ces deux logiciels ressemble déjà beaucoup moins à un calvaire.

Mellel

Mellel est un logiciel de traitement de texte que l’on pourrait qualifier, dans certaines situations, de concurrent de MS Word. En pratique, les logiciels sont bien en concurrence, car ils sont utilisés aux mêmes fins. Cependant, ils présentent chacun des avantages et des inconvénients particuliers qui les différencient.

Microsoft Word est de loin le traitement de texte le plus complet du marché. Il n’a aucun équivalent en terme de fonctionnalités. Il est adapté à toutes les situations: travail universitaire, lettres, enveloppes, brochures, livres, rapports, publications multimédias, développement de logiciels basés sur les macros, publipostage avec source de données externe, travail collaboratif, etc. Mais qui a besoin de toutes ces fonctions ? Personne, ou presque. L’intérêt de posséder MS Word réside dans le fait de pouvoir lire et écrire au format « .doc », ce qui revient à avoir l’assurance que le fichier envoyé pourra être lu par son destinataire. Bien qu’il existe des alternatives plus intéressantes que le format Word (les PDF, par exemple), la majorité des gens continuent d’utiliser ce format.

Cela ne signifie pas pour autant que Word est parfait. Sous Windows, c’est un excellent logiciel. Mais sous Mac, le moins qu’on puisse dire, c’est que la version 2004 a mal vieilli. Le logiciel est lent, poussif, très mal intégré au système d’exploitation et il lui arrive de planter. Ce n’est pas rédhibitoire, mais c’est gênant.
Mellel, au contraire, est parfaitement intégré à Mac OS X, ne plante pas et n’est pas poussif.

Mellel présente d’ailleurs un autre avantage par rapport à Word: il dispose de beaucoup plus de fonctions utiles à la rédaction d’un travail universitaire tel qu’un article, un mémoire ou une thèse. En dehors de sa gestion avancée des langues à l’alphabet non latin (hébreu, arabe, par exemple), qui n’intéresse pas ceux qui écrivent en français, son avantage principal réside dans ses fonctions avancées en matière de gestion des documents longs et hiérarchisés. Il possède notamment des fonctions de note en bas de page et de construction d’une bibliographie qui font défaut à Word.
Il me semble que Word surpasse Mellel pour tous les types de documents cités plus haut, sauf pour les publications universitaires. Donc, si vous faites de la recherche, essayez Mellel.

Mellel n’est pas exempt de défauts, même pour les travaux universitaires. Les deux défauts les plus pénibles sont les suivants: l’impossibilité d’appliquer des formats différents dans un titre et l’absence de système de cross-referencing.

Il n’est pas possible d’appliquer plusieurs styles à un titre dans Mellel. Cela signifie que si vous utilisez un mot latin dans un titre, vous ne pourrez pas le mettre en italique. C’est gênant, mais les développeurs se penchent sur le problème.
L’absence de cross-references est plus embêtante, mais la prochaine version de Mellel devrait implémenter un système de cross-referencing, à en croire les développeurs. Il s’agit de la possibilité de renvoyer, par exemple dans une note en bas de page, à un endroit précis du document identifié par un marqueur (par exemple, un numéro de paragraphe: « cf. § 2 »). Si le marqueur se déplace, la référence change. Par exemple, si le paragraphe portait le numéro 2 et que l’utilisateur ajoute un autre paragraphe en dessus, il sera automatiquement renuméroté 3. La note en bas de la page indiquera « cf. § 3 ».

Un autre des petits défauts de Mellel est sa façon étrange, de manière générale, de réaliser les opérations courantes dans un traitement de texte. Ou plutôt, pour reformuler: sa façon de ne pas faire les choses exactement comme MS Word auquel nous sommes tant habitués. Entendez bien: ce qu’il fait, il le fait très bien et de manière très simple. Seulement, cette manière n’est pas exactement la même que dans MS Word. Cela peut perturber au début, mais au bout de quelques heures d’utilisation, tout paraît naturel.

Une des forces de Mellel est son intégration au logiciel de gestion bibliographique Bookends.

Bookends

Si vous connaissez Endnote, Bookends va vous plaire. Il possède autant de fonctions que Endnote, mais elles sont beaucoup plus faciles d’utilisation. Elles fonctionnent mieux. Bookends fait cependant moins bien qu’Endnote sur un point, et comme c’est un de ses seuls défauts, autant le dire tout de suite: il est livré avec beaucoup moins de styles bibliographiques prédéfinis et il comporte moins de modèles de documents prédéfinis.

Pour ma part, cela ne me gêne pas. J’ai critiqué Endnote sur l’inadaptation des styles livrés à la rédaction de travaux universitaires en droit français, et sur l’utilisation incohérente de ses nombreux modèles de documents prédéfinis. Alors, autant être cohérent: puisque je dois créer mon propre style pour une bibliographie juridique et puisque je n’utilise que quatre ou cinq modèles de documents, Bookends me convient parfaitement.
En revanche, il existe un élément qui peut se révéler problématique. Ce n’est pas un réel défaut, car le problème peut être évité. Mais tout de même. Je veux parler de la manière dont Bookends construit les citations. On peut choisir de construire les citations en les numérotant (pour les documents courts), au format classique BibTex ({Auteur:annéeXX}), ou dans un format personnalisé. Bien entendu, j’utilise un format personnalisé, puisque ces citations apparaissent en note en bas de page. Et bien, dans ce dernier cas, Bookends utilise plusieurs champs de la référence pour construire la citation. Si l’un de ces champs est modifié, il faut mettre à jour immédiatement les citations vers cette référence, faute de quoi le lien entre citation et référence sera brisé. Lorsque ce lien est brisé, la référence n’est plus appelée. Elle n’est plus formatée ; c’est donc une catastrophe. Mais comme je l’ai dit, il suffit de mettre à jour les citations fréquemment pour éviter tout désagrément.

Hormis la précédente critique, Bookends surpasse Endnote sur pratiquement tous les fronts. Son interface est mieux construite: entrer une nouvelle référence est beaucoup plus facile (pas besoin d’utiliser l’ascenseur, pas besoin de recherche le champ qui nous intéresse au milieu de nombreux champs inutiles), un volet latéral affiche les notes jointes aux références, qui sont dès lors visibles sans qu’il soit besoin d’afficher ces références. Et puis, fonction révolutionnaire, Bookends permet de créer des dossiers intelligents, à la manière d’iTunes, dans un panneau latéral. J’ai ainsi défini un champ personnalisé, que j’ai appelé « Label » (« Etiquette »), et j’ai créé les dossiers intelligents correspondant aux différents types d’étiquettes associées aux références. Je peux ainsi, d’un seul clic, trier les références par thème.

Bookends est également beaucoup plus facile à paramétrer pour ce qui est de la création de styles personnalisés. J’ai galéré pendant plusieurs jours avec Endnote pour arriver à construire un style à peu près correct, alors qu’avec Bookends j’ai réussi à créer le même style en quelques heures seulement. Le problème avec Endnote, évoqué dans l’article précédent sur la bibliographie par ordinateur, est qu’il utilise le nom complet des champs pour construire les styles de citation. Ainsi, si le style appelle le champ « Title » et que ce champ a été renommé « Titre », le résultat sera pour le moins… insatisfaisant. Bookends, à l’inverse, utilise des références vers ces champs. Par exemple, le champ qui contient le titre de l’oeuvre est identifié par la lettre « t ». Que le champ s’appelle « Title » ou « Titre » (ou même « Juridiction » dans le cas d’une décision de justice), il sera correctement reconnu par la référence à la lettre « t ».

Pour ce qui est de l’intégration à Mellel, il n’y a presque que des bonnes surprises: Mellel possède une palette dédiée à la bibliographie qui affiche toutes les citations du texte pour une navigation aisée et rapide. Pour insérer une citation, rien de plus facile: placer le curseur à l’endroit désiré, taper Pomme+Y pour amener Bookends au premier plan, sélectionner la référence à citer et appuyer une nouvelle fois sur Pomme+Y pour insérer la citation dans le texte et ramener Mellel au premier plan.

Conclusion

Mellel et Bookends fournissent une alternative très intéressante au couple Word-Endnote. Pour les longs documents de recherche universitaire, j’ai adopté ces deux logiciels. Pour les autres documents, Word reste la référence absolue et Endnote n’est pas nécessaire.