La loi des séries

lundi 2 octobre 2006

Ils l'ont annoncé: il n'y aura plus de film le dimanche soir. Enfin, c'est ce qui est expliqué en légende du sondage "Pour ou contre l'abandon du film du dimanche soir sur TF1?" de MSN Programmes TV. Quand j'ai vu ce sondage, ma première réaction fut de me dire "c'est débile ce sondage, on s'en tape du film du dimanche soir... de toute façon les chaînes françaises ne passent que des navets en prime-time alors ça ne peut pas faire de mal". Et puis j'y ai repensé.

Ils l’ont annoncé: il n’y aura plus de film le dimanche soir. Enfin, c’est ce qui est expliqué en légende du sondage «Pour ou contre l’abandon du film du dimanche soir sur TF1?» de MSN Programmes TV. Quand j’ai vu ce sondage, ma première réaction fut de me dire «c’est débile ce sondage, on s’en tape du film du dimanche soir… de toute façon les chaînes françaises ne passent que des navets en prime-time alors ça ne peut pas faire de mal». Et puis j’y ai repensé.

Le sacro-saint (toujours d’après MSN) film du dimanche soir sera remplacé par des séries américaines. A côté de cette affirmation sans concession, un lien vers un article traitant de ces mêmes séries, plus particulièrement de l’engouement du peuple pour les séries médicales (Urgences, Grey’s Anatomy).

Pourquoi remplacer le film du soir par des séries ? Il doit y avoir de nombreuses raisons, j’en vois au moins deux. D’abord, c’est beaucoup plus lucratif, ensuite, c’est beaucoup plus facile pour le téléspectateur.

Les séries rapportent plus d’argent que les films de cinéma. D’une part, leur réalisation nécessite bien souvent des moyens moindre que ceux nécessaires à la réalisation d’un film à succès à la sauce hollywoodienne. A de rares exceptions, moins de décors, moins de personnages, moins de figurants, peu d’effets spéciaux, aucune innovation technologique dans les effets spéciaux ou la manière de filmer. C’est assez facile de s’en rendre compte lorsque l’on regarde une série. D’autre part, les recettes publicitaires sont bien plus importantes. Aux Etats-Unis, les films sont coupés plusieurs fois par une «page de publicité». En France, un film d’un durée raisonnable sera coupé une fois (TF1, M6…) ou ne sera pas coupé (une fois n’est pas coutume, un point pour le service public). Chaque épisode d’une série pouvant être considéré comme un film à part entière, il va de soir qu’on puisse le diviser en deux parties entre lesquelles s’insèrent parfaitement 10 minutes de publicité. Et entre deux épisodes, il n’y a pas de raison de ne pas faire découvrir au téléspectateur le merveilleux nouveau clip publicitaire pour la lessive X (celle qui lave plus blanc que blanc). Remercions les chaînes de nous faire profiter de 3 épisodes par soirée, soit… 6 coupures, ou trois quarts d’heure de pub pour 3 heures d’émission (en gros).

Enfin, les séries rapportent plus d’argent que les films de cinéma car elles fidélisent leur public. Un film, une fois qu’il est fini, on n’a plus envie de le revoir pendant quelques temps (sauf les cas pathologiques ayant enchaîné 12 fois Titanic la semaine de sa sortie). La semaine d’après, la chaîne de télévision ne peut pas ressortir le même film en espérant faire la même audience. Elle doit présenter un autre film, qui peut très bien faire deux fois moins d’audience que le précédent. Avec les séries, c’est différent. On commence par le «pilote» (le premier épisode, généralement plus long que les autres, parfois en deux parties, qui introduit les personnages principaux et le fil conducteur de l’intrigue) et on en finit 5 ans plus tard. Entre temps, impossible de rater un épisode (j’exagère à peine): on veut savoir ce qui va arriver aux personnages auxquels on a eu le temps de s’attacher pendant les 4 précédentes saisons. Un minimun d’audience est garanti, les fidèles ou les fanatiques.

Il faut aussi le dire, les séries sont plus faciles à regarder que les films. En cinquante minutes, on n’a pas le temps d’élaborer une intrigue aussi complexe qu’en deux heures. Mieux encore: on ne peut pas élaborer d’intrigue trop complexe, on ne peut pas en dire trop au spectateur, car sinon qu’aurait-on à lui raconter dans l’épisode suivant ? L’intrigue des séries se déroule peu à peu, très lentement. Les scénaristes ont le temps d’y réfléchir (de faire revivre des personnages morts et enterrés deux ans plus tôt), et on peut parfois relever des incohérences sur certains points entre les différentes saisons. Cinquante minutes de concentration, pour le spectateur, ce n’est pas aussi éprouvant (le pauvre!) que deux heures.

Cela dit (écrit), une bonne série est préférable à tout navet. Comme un bon film était en son temps préférable à une mauvaise pièce de théâtre mal interprétée… Et puis toutes les séries ne sont pas mauvaises, certaines sont mêmes très bonnes. Cela dépend certes des goûts de chacun, mais on peut tout de même citer la très vénérable «X-Files», l’incontournable «Urgences», l’inquiétante «Lost»…
Vous dites ? Ah, j’en ai oublié une pourtant essentielle ! Vous voyez bien, vous aussi êtes contaminé.