La suprême idiotie: franciser des mots techniques anglais

mercredi 25 mai 2005

France's Commission generale de terminologie et de neologie words to link wants to replace the use of the term blog with bloc-notes.

The Commission is charged with protecting and enriching the French language. In proposing the substitution of bloc-notes for "blog," the commission said it would be acceptable to use the abbreviation bloc.

Because companies from the United States dominate the technology industry, much Anglo-Saxon tech terminology has filtered into other languages, including French. So it is that the Commission wants to promote the use of French words for commonly-used Anglo-Saxon tech terms that now pepper the French language.

</p>

Cela signifique, basiquement, que la Commission générale de terminologie et de néologie a décidé que dorénavant, en français, on ne devrait plus utiliser le mob "blog", mais le mot "bloc" à la place.

J’ai trouvé un autre article sur le sujet, dans les news d’un site français dédié au Mac. Je partage totalement l’avis des rédacteurs, et je compte expliquer ici pourquoi.

La tristement célèbre Commission generale de terminologie et de néologie qui est chargée de trouver des mots français aux anglicismes va encore frapper.
En effet, le terme blog semblant les blesser, ils songent à nous imposer bloc-notes à la place. Dans leur grande mansuétude, ils autoriseront la contraction en "Bloc".
Bientôt, à ce rythme il y aura une langue utilisée par les internautes et une autre, officielle, que personne ne comprendra.

J’aime la langue française. Je n’ai pas fait d’études littéraires, je n’ai pas de style écrit, et il m’arrive de faire des fautes. J’emploie parfois un mot à la place d’un autre, je me retrouve souvent face à des mots que je ne connais pas, et je suis loin de tout savoir sur les subtilités de notre langue. Cependant, il y a une chose que je ne peux vraiment pas supporter: cette tendance à "franciser" des mots anglais.

Vous connaissez sûrement les "mél", non ? Ce sont les "e-mail". Et les "cédé", et les "dévédé" ? "CD" et "DVD", bien entendu. Maintenant, on hérite de "bloc" à la place de "blog".

Par quel procédé magique ces mots se sont-ils transformés ? C’est simple: il suffit de prendre un mot anglais, voire une abréviation, et de le prononcer à la française. Il ne reste plus qu’à écrire en bon français le résultat de cette prononciation.

C’est complètement stupide. C’est de la dénaturation pure et simple.

En effet, dans tous les cas le mot anglais signifie quelque chose dans cette langue, alors que le mot français créé ne signifie rien du tout.

Le mot "e-mail" est l’abréviation de "electronic mail". En français, "courrier électronique". Pourquoi faut-il dire "mél", qui ne signifie rien de rien, qui n’est l’abréviation de rien, au lieu de "courrier électronique" qui est la traduction correcte du mot anglais ?

Le sigle "CD" signifie "Compact Disc". Le sigle "DVD" signifie "Digital Versatile Disc". Tout le monde écrit "CD", personne ne connait "cédé". Et pourtant, selon cette horrible commission, nous devrions écrire "cédé" (non, je ne céderai pas !). Encore une fois, c’est complètement stupide. De deux choses l’une: soit on traduit complètement le sigle, et cela donne "disque compact", soit on garde le sigle anglais, qui signifie quelque chose, et on écrit alors "CD". Mais on ne peut en aucun cas parler de "cédé" car cela ne correspond à rien.

Le mot "blog" est l’abréviation de "weblog". En anglais, il est courant que deux mots soient regroupés en un seul (une bonne partie de la langue anglaise s’est construite de cette manière). A l’origine, il s’agissait donc de "web logs". "Web" signifie "toile". C’est internet. On dit également en français "la toile" pour parler d’internet, car le réseau de serveurs et de clients disséminés aux quatre coins de la planète prend la forme d’une toile d’araignée. Le mot "log" signifie "journal". Il ne s’agit pas ici d’un journal que l’on peut acheter tous les jours chez le marchand de journaux, mais d’un journal unique destiné à reçevoir des informations descriptives. En informatique, c’est le mot consacré pour les fichiers qui stockent "ce que dit un système, quand il dit ce qu’il fait". Il y a donc une logique sous la dénomination "blog", ce n’est pas un mot créé du néant. Par extension, les blogs sont devenus les journaux intimes de milliers d’internautes publiés sur internet. Il ne s’agit en aucun cas de "bloc-notes". On devrait donc traduire "blog" par "journal intime électronique" ou "journal intime en ligne". D’ailleurs, le bloc-notes en anglais se dit "notebook". Peu importe que bon nombre de blogs ne soient actuellement plus des journaux intimes proprement dit: le mot anglais vient quand même de là.

Au final, on constate que:

1) Le mot anglais a été construit en suivant une certaine logique. Cette logique ne survit pas à l’adaptation du mot en français. Le mot anglais est explicable dans son contexte de par ses origines, le mot français ne l’est pas dès lors qu’il est une pure création de la Commission.

2) Les français intègrent directement le mot anglais dans leur langage. Il ne pensent pas à sa version française purement fictive. Elle est donc inutile. Les plus obstinés, les plus réfractaires à ce phénomène de création de barbarismes, font même semblant de ne pas comprendre quand on leur parle de "mél". Pardon ? Que dis-tu ? Ah… un courrier électronique, d’accord !

3) La langue française est très riche. C’est une des langues les plus riches au monde. Comme disent les anglais, english is concise, french is precise ("l’anglais est concis, le français est précis"). En effet, le français possède beaucoup de mots pour traduire de nombreuses situations, émotions, attitudes, pensées, abstractions… Mais tous ces mots sont d’un autre temps, du temps où notre langue rayonnait de par le monde. A l’heure actuelle, la prédominance de l’anglais n’est plus contestable, et si un nouveau mot technique est inventé, il le sera probablement en anglais. Il est complètement stupide de camoufler ce mot derrière des artifices tels que cette "francisation" pour faire croire qu’il appartient à part entière à la langue française. Non, ce sont les anglo-saxons qui ont inventé les disques compacts, alors on les appellera "CD", sans préjudice de pouvoir traduire en conservant le sens original. Ce sont eux qui ont inventé le courrier électronique, alors on l’appellera "e-mail", ce qui se traduit justement très naturellement par "courrier électronique" ou "message électronique", mais on ne l’appellera pas "mél".

4) La fabrication de ces nouveaux mots contribue grandement, à mon sens, à fragiliser la langue française. En effet, puisque ces mots n’ont aucune logique, puisqu’ils ne correspondent à rien, ils ne peuvent qu’être amputés de leur véritable sens. Que l’on adapte un mot désignant une abstraction, cela ne pose pas de problème. Mais quand il s’agit d’un mot désignant quelque chose de concret, voire de tangible, il ne faut pas l’adapter. En outre, il est vrai qu’un fossé se creuse entre "ce que les gens disent", et ce qu’ils devraient dire selon cette commission d’opérette. Qui a raison ? Les gens, sans doute (au sens propre du terme!).

à Paris le 25/05/05

France's Commission generale de terminologie et de neologie words to link wants to replace the use of the term blog with bloc-notes.

The Commission is charged with protecting and enriching the French language. In proposing the substitution of bloc-notes for "blog," the commission said it would be acceptable to use the abbreviation bloc.

Because companies from the United States dominate the technology industry, much Anglo-Saxon tech terminology has filtered into other languages, including French. So it is that the Commission wants to promote the use of French words for commonly-used Anglo-Saxon tech terms that now pepper the French language.

</p>

Cela signifique, basiquement, que la Commission générale de terminologie et de néologie a décidé que dorénavant, en français, on ne devrait plus utiliser le mob "blog", mais le mot "bloc" à la place.

J’ai trouvé un autre article sur le sujet, dans les news d’un site français dédié au Mac. Je partage totalement l’avis des rédacteurs, et je compte expliquer ici pourquoi.

La tristement célèbre Commission generale de terminologie et de néologie qui est chargée de trouver des mots français aux anglicismes va encore frapper.
En effet, le terme blog semblant les blesser, ils songent à nous imposer bloc-notes à la place. Dans leur grande mansuétude, ils autoriseront la contraction en "Bloc".
Bientôt, à ce rythme il y aura une langue utilisée par les internautes et une autre, officielle, que personne ne comprendra.

J’aime la langue française. Je n’ai pas fait d’études littéraires, je n’ai pas de style écrit, et il m’arrive de faire des fautes. J’emploie parfois un mot à la place d’un autre, je me retrouve souvent face à des mots que je ne connais pas, et je suis loin de tout savoir sur les subtilités de notre langue. Cependant, il y a une chose que je ne peux vraiment pas supporter: cette tendance à "franciser" des mots anglais.

Vous connaissez sûrement les "mél", non ? Ce sont les "e-mail". Et les "cédé", et les "dévédé" ? "CD" et "DVD", bien entendu. Maintenant, on hérite de "bloc" à la place de "blog".

Par quel procédé magique ces mots se sont-ils transformés ? C’est simple: il suffit de prendre un mot anglais, voire une abréviation, et de le prononcer à la française. Il ne reste plus qu’à écrire en bon français le résultat de cette prononciation.

C’est complètement stupide. C’est de la dénaturation pure et simple.

En effet, dans tous les cas le mot anglais signifie quelque chose dans cette langue, alors que le mot français créé ne signifie rien du tout.

Le mot "e-mail" est l’abréviation de "electronic mail". En français, "courrier électronique". Pourquoi faut-il dire "mél", qui ne signifie rien de rien, qui n’est l’abréviation de rien, au lieu de "courrier électronique" qui est la traduction correcte du mot anglais ?

Le sigle "CD" signifie "Compact Disc". Le sigle "DVD" signifie "Digital Versatile Disc". Tout le monde écrit "CD", personne ne connait "cédé". Et pourtant, selon cette horrible commission, nous devrions écrire "cédé" (non, je ne céderai pas !). Encore une fois, c’est complètement stupide. De deux choses l’une: soit on traduit complètement le sigle, et cela donne "disque compact", soit on garde le sigle anglais, qui signifie quelque chose, et on écrit alors "CD". Mais on ne peut en aucun cas parler de "cédé" car cela ne correspond à rien.

Le mot "blog" est l’abréviation de "weblog". En anglais, il est courant que deux mots soient regroupés en un seul (une bonne partie de la langue anglaise s’est construite de cette manière). A l’origine, il s’agissait donc de "web logs". "Web" signifie "toile". C’est internet. On dit également en français "la toile" pour parler d’internet, car le réseau de serveurs et de clients disséminés aux quatre coins de la planète prend la forme d’une toile d’araignée. Le mot "log" signifie "journal". Il ne s’agit pas ici d’un journal que l’on peut acheter tous les jours chez le marchand de journaux, mais d’un journal unique destiné à reçevoir des informations descriptives. En informatique, c’est le mot consacré pour les fichiers qui stockent "ce que dit un système, quand il dit ce qu’il fait". Il y a donc une logique sous la dénomination "blog", ce n’est pas un mot créé du néant. Par extension, les blogs sont devenus les journaux intimes de milliers d’internautes publiés sur internet. Il ne s’agit en aucun cas de "bloc-notes". On devrait donc traduire "blog" par "journal intime électronique" ou "journal intime en ligne". D’ailleurs, le bloc-notes en anglais se dit "notebook". Peu importe que bon nombre de blogs ne soient actuellement plus des journaux intimes proprement dit: le mot anglais vient quand même de là.

Au final, on constate que:

1) Le mot anglais a été construit en suivant une certaine logique. Cette logique ne survit pas à l’adaptation du mot en français. Le mot anglais est explicable dans son contexte de par ses origines, le mot français ne l’est pas dès lors qu’il est une pure création de la Commission.

2) Les français intègrent directement le mot anglais dans leur langage. Il ne pensent pas à sa version française purement fictive. Elle est donc inutile. Les plus obstinés, les plus réfractaires à ce phénomène de création de barbarismes, font même semblant de ne pas comprendre quand on leur parle de "mél". Pardon ? Que dis-tu ? Ah… un courrier électronique, d’accord !

3) La langue française est très riche. C’est une des langues les plus riches au monde. Comme disent les anglais, english is concise, french is precise ("l’anglais est concis, le français est précis"). En effet, le français possède beaucoup de mots pour traduire de nombreuses situations, émotions, attitudes, pensées, abstractions… Mais tous ces mots sont d’un autre temps, du temps où notre langue rayonnait de par le monde. A l’heure actuelle, la prédominance de l’anglais n’est plus contestable, et si un nouveau mot technique est inventé, il le sera probablement en anglais. Il est complètement stupide de camoufler ce mot derrière des artifices tels que cette "francisation" pour faire croire qu’il appartient à part entière à la langue française. Non, ce sont les anglo-saxons qui ont inventé les disques compacts, alors on les appellera "CD", sans préjudice de pouvoir traduire en conservant le sens original. Ce sont eux qui ont inventé le courrier électronique, alors on l’appellera "e-mail", ce qui se traduit justement très naturellement par "courrier électronique" ou "message électronique", mais on ne l’appellera pas "mél".

4) La fabrication de ces nouveaux mots contribue grandement, à mon sens, à fragiliser la langue française. En effet, puisque ces mots n’ont aucune logique, puisqu’ils ne correspondent à rien, ils ne peuvent qu’être amputés de leur véritable sens. Que l’on adapte un mot désignant une abstraction, cela ne pose pas de problème. Mais quand il s’agit d’un mot désignant quelque chose de concret, voire de tangible, il ne faut pas l’adapter. En outre, il est vrai qu’un fossé se creuse entre "ce que les gens disent", et ce qu’ils devraient dire selon cette commission d’opérette. Qui a raison ? Les gens, sans doute (au sens propre du terme!).

à Paris le 25/05/05